Aliénation parentale : comment prouver la manipulation des enfants ? #2
Le syndrome d’aliénation parentale (SAP) est une notion controversée, que la Justice a encore du mal à appréhender, et qui est décriée par de nombreux professionnels de l’enfance.
Le Professeur Gardner, qui est à l’origine de cette notion, le définit comme « un processus qui consiste à programmer un enfant pour qu’il haïsse un de ses parents, sans que ce ne soit justifié. Lorsque le symptôme est présent, l’enfant apporte sa propre contribution à la campagne de dénigrement du parent aliéné. ».
A l’inverse, une note du Ministère de la Justice explique aux Juges « le caractère controversé et non reconnu du syndrome d’aliénation parentale, les incite à regarder avec prudence ce moyen lorsqu’il est soulevé en défense et leur rappelle que d’autres outils sont à leur disposition en matière civile pour faire face aux situations parfois réelles d’un parent qui tenterait d’éloigner progressivement l’enfant de l’autre parent ».
Existence réelle ou mythe totalement infondé, là n’est pas le véritable enjeu.
Le plus important n’est pas que le SAP soit juridiquement reconnu, mais bien de prendre en considération l’intérêt et la parole de l’enfant.
Aujourd’hui, 8 critères sont essentiellement retenus pour mettre en avant un SAP, à savoir :
- Une campagne de dénigrement,
- Une rationalisation faible, frivole ou absurde,
- L’absence d’ambivalence, à savoir que l’enfant refuse d’admettre qu’il a pu avoir des relations positives avec le parent qu’il rejette,
- Des revendications d’indépendance,
- Un soutien au parent aliénant,
- Une absence de culpabilité par rapport au parent aliéné,
- La présence de scenarii empruntés, c’est-à-dire que l’enfant raconte des faits qui lui ont été rapportés,
- Une animosité étendue à l’ensemble du monde du parent aliéné.
Pour autant, ces critères ne sont pas cliniquement prouvés.
Il faut être d’autant plus vigilant qu’apparaissent fréquemment des troubles du comportement chez l’enfant en cas de séparation parentale.
De même, l’important est de lutter contre ces situations dont la réalité est incontestable, où un parent manipule un enfant contre l’autre parent dans le souhait de se venger voire de détruire la relation paternelle ou maternelle existante.
Pour ce faire, plutôt que de crier à l’aliénation parentale, il est préférable de mettre en exergue le comportement du parent aliénant mais surtout les éventuels symptômes cliniques relevés chez l’enfant comme notamment :
– des comportements régressifs,
– des troubles du sommeil,
– des maladies infantiles à répétition,
– des troubles digestifs,
– un sentiment d’intense culpabilité,
– l’apparition d’un bégaiement,
– un sentiment d’abandon,
– des difficultés relationnelles avec les enfants de son âge,
– des troubles du comportement,
– et bien évidemment une éventuelle fugue qui constitue toujours un appel au secours.
Au vu des conséquences dramatiques d’une telle situation pour l’enfant, on pourrait penser que la Justice s’est emparée de cette difficulté.
Il n’en est rien, bien au contraire.
En réalité, bien souvent, les Juges sont extrêmement frileux lorsque l’on tente d’évoquer une éventuelle manipulation.
Cette frilosité est accentuée par le fait que, faute d’expertise psychiatrique, cette manipulation est bien souvent très difficile à démontrer.
Faute de certitude, la Justice maintien donc des liens entre l’enfant et ce parent aliénant.
Et les avocats sont souvent réticents à évoquer cette notion.
Or, plus que tout autre, il appartient au contraire à l’avocat de tout mettre en œuvre pour démontrer cette manipulation et protéger le lien parent/enfant.
Il existe pour ce faire des moyens au premier rang desquels se trouve l’expertise psychiatrique ou médico-psychologique.
Les attestations de proches et de spécialistes de la petite enfance devraient également éclairer la décision du Juge.
Le tableau clinique présenté par l’avocat, en l’absence d’expertise, devrait finir de le convaincre.
Pourtant, force est de constater que, trop souvent, ces éléments ne suffisent pas alors même qu’ils sont communiqués de bonne foi et dans l’intérêt de l’enfant.
Le parent victime de la manipulation se retrouve donc souvent démuni et désemparé puisque cette manipulation a vocation à continuer, faute pour la Justice d’y avoir mis fin.
La stigmatisation d’un comportement déviant ne devrait pourtant pas être taboue.
Et ce d’autant plus que les conséquences d’une manipulation sont aujourd’hui connues et désastreuses pour l’enfant qui est un adulte en devenir.
Les solutions « pacifiques » à apporter à ces dossiers sont multiples (médiation et suivi éducatif notamment) et peuvent parfois être efficaces.
Mais lorsque l’aliénation parentale est importante, seules des solutions en apparence brutales peuvent sauver l’enfant manipulé et la relation parent/enfant.
Ainsi, si l’enfant manipulé est bien accompagné, le Juge devrait pouvoir fixer sa résidence habituelle chez le parent capable, lui, de respecter les droits de l’autre parent et d’agir dans l’intérêt de l’enfant et non contre l’autre parent.
Malheureusement ces décisions courageuses sont bien rares.
De même, le fait que le Juge aux Affaires Familiales n’ait pas automatiquement accès au dossier du Juge pour Enfants lorsque celui-ci est saisi est une aberration.
Il est temps que la Justice prenne ce problème d’emprise et/ou de manipulation à bras le corps et rende enfin des décisions claires sanctionnant le parent qui manipule le ou les enfants.
Ces sanctions devraient pouvoir aller jusqu’au retrait de l’autorité parentale si le parent aliénant a réellement tenté de manipuler l’enfant et de nuire à la relation parent /enfant.
Il en va de la santé mentale de l’enfant et de sa construction psychologique.
Je suis naturellement à votre disposition pour évoquer ces problématiques complexes et vous pouvez me joindre au 01.56.79.00.69 ou par mail sur la page suivante